Le Parc naturel marin de Mayotte

Survol drone des îlots Choisils et prise de vue du récif frangeant. L'un des plus dynamiques de l'île de Mayotte, département français depuis 2011. © JeRome, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons.
Survol drone des îlots Choisils et prise de vue du récif frangeant. L’un des plus dynamiques de l’île de Mayotte, département français depuis 2011. © JeRome, CC BY-SA 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0, via Wikimedia Commons.

Créé en 2010, le Parc naturel marin de Mayotte couvre la totalité de la ZEE (Zone économique exclusive) qui entoure l’île de Mayotte, soit une superficie de soixante-neuf mille kilomètres carrés. C’est le parc marin le plus vaste de l’outre-mer français. Il accueille une grande richesse de biodiversité, en particulier dans son lagon qui couvre une superficie de mille cent kilomètres carrés, fermé par une barrière de corail de cent quarante kilomètres de longueur. L’île de Mayotte elle-même est au centre du dispositif, pour une superficie de trois cent soixante-quatorze kilomètres carrés. Le parc est un pôle d’excellence pour l’étude du milieu marin, et en particulier de la mangrove qui couvre une superficie de sept cents hectares.

Propos recueillis par Marc Louail, architecte des bâtiments de France de la Nièvre

Le littoral corallien de Mayote Grande-Terre, vu par le satellite hodoyoshi-1. © Axelspace Corporation, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

Un écosystème fragile

L’une des composantes les plus spectaculaires du lagon consiste en son rôle d’accueil des baleines et de mise à l’abri des baleineaux, de mai à septembre. Le lagon joue en effet un rôle de nurserie pour de très nombreuses espèces. Le Parc est un outil permettant de développer la connaissance des écosystèmes, mais aussi de faire connaître et apprécier ces espaces maritimes. Il est gouverné par un conseil de gestion qui regroupe des élus et des représentants de différentes directions de l’État en charge de la protection environnementale.

Le milieu marin mahorais fait face à de nombreux défis, en premier lieu la pollution, d’une part par les eaux usées de l’île en l’absence d’infrastructures de traitement adaptées, mais aussi par les ordures ménagères, et en particulier les déchets plastiques. L’île fait face à une crise démographique et migratoire qui induit de nombreuses installations spontanées, générant des déforestations, un lessivage des sols, couplé à l’introduction de produits chimiques (par exemple pour laver son linge) qui passe dans les rivières et finit par polluer le lagon, dont l’eau n’est renouvelée qu’à travers deux passes au nord et au sud. Il apparaît très difficile pour un si petit territoire d’absorber cette pression sur l’environnement.

Un patrimoine culturel maritime

La question de la surpêche est un autre enjeu majeur. Le Parc pose les règles pour l’utilisation des ressources marines. Les femmes mahoraises utilisaient traditionnellement une poudre du corail marin, le m’sindzano, pour produire un masque protecteur contre le rayonnement solaire. Cette culture perdure désormais avec un substitut de pierre ponce, la récolte du corail étant désormais interdite. De la même manière, la pêche traditionnelle à pied sur le platier, partie de la barrière qui émerge à marée basse et qui regorge de poulpes et autres richesses culinaires, est encadrée pour préserver les nombreuses espèces endémiques.

Le Parc accompagne l’activité de pêche en développant la pêche à la pirogue au-delà du lagon. L’intérêt de la très grande superficie de la zone protégée, bien supérieure au lagon lui-même, est de mettre à distance la pression des thoniers senneurs sur les écosystèmes du large, et de cadrer l’utilisation des DCP (Dispositifs de concentration de poisson) pour la pêche industrielle. L’objectif est de valoriser les pratiques vivrières et les savoir-faire traditionnels, notamment par le maintien de l’usage de la pirogue à balancier.

La pirogue à balancier

Le canal du mozambique a, de tout temps, été une autoroute des déplacements côtiers. Pourtant, les jeunes n’ont aujourd’hui pas toujours le réflexe d’aller vers la mer. La Parc entretient donc cette culture de l’utilisation de la pirogue, par l’organisation de courses désormais très populaires. Le festival Laka qui a lieu à l’automne accueille également des compétiteurs malgaches pour cette culture transnationale de la pirogue. La pirogue à balancier est en effet une embarcation traditionnelle que l’on retrouve sous différentes formes, sur presque tout l’arc de l’océan Indien, et jusqu’en Océanie.

Le patrimoine culturel maritime de Mayotte est un vecteur essentiel de mise en lien des populations autour de savoir-faire et de pratiques traditionnelles, qui valorisent ce territoire au-delà de ses problématiques, pour faire découvrir le joyau qu’est son lagon et la richesse de ses écosystèmes maritimes.

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