Le nouveau plan lumière de Lyon

Les Lyonnais ont fait les mises en lumière de la dernière décennie qui forment à présent un paysage familier. Lyon a changé : elle est une ville moderne, rajeunie, vive, attractive. Les
projets à venir doivent donc être capables de le dire, en continuité bien sûr avec ce qui fut réalisé et qui fonde son rapport à la lumière. Ainsi Lyon n’est pas qu’architecture ou patrimoine. Elle est aussi formée de sites, de quartiers qui possèdent leur identité, leurs ambiances, leurs modes de vie, leurs dynamiques. La lumière, d’une façon ou d’une autre, doit donner à voir ces personnalités, raconter ces histoires là. Les initiatives publiques ou privées se multiplient. Mais est-ce bien un paysage nocturne qui se crée ? Cette “cacolumie” qui accumule les effets ne risque-t-elle pas au bout du compte de ne plus raconter grand-
chose ? Ce concert d’initiatives ne doit-il pas jouer la même partition ! Les techniques ont évolué, le festival des Lumières, les fêtes ont permis d’intégrer l’image, le mouvement, la couleur. La lumière a pu s’affranchir des bâtiments sur lesquels elle se projette. Mais le style, l’écriture des projets pérennes sont loin d’avoir intégré encore toutes ces innovations. Lyon a été une des villes précurseurs, elle ne doit pas rester figée. Un nouveau plan lumière est donc en cours d’élaboration. La richesse et la justesse de ce qui sera exprimé, le souci que soient pris en compte de nouveaux aspects comme l’écologie, un pilotage
efficace, dynamique et porteur de sens, constituent certains des thèmes abordés. Il contribuera ainsi à donner à la lumière sa vraie place et sa légitimité capable à sa manière de raconter le dessein de notre cité.

Gilles BUNA
Adjoint au maire de Lyon chargé de l’urbanisme et des grands projets.


Lyon est une des villes pionnières en matière de mise en lumière et le thème est loin d’être épuisé, la fête des Lumières en est la preuve. La municipalité lance une réflexion dont Gilles Buna, adjoint au maire chargé de l’urbanisme, a la responsabilité. Il s’agit d’aller plus loin dans le rapport que la cité entretient avec la lumière afin de préciser les actions à mener dans l’avenir, le sens qu’elles porteront. C’est donc un nouveau plan lumière qui se construit et qui sera finalisé en décembre 2004. Son originalité tient aux nouvelles orientations qui seront données, mais aussi à la méthode employée pour déterminer le contenu : il sera enrichi grâce à une mise en débat suscitée auprès de professionnels de diverses origines.

Ce qui a été fait va être poursuivi et amélioré. Tel est le sens de ce que l’on peut appeler l’armature du plan lumière de Lyon, ce qui en constitue la structure et qui en formera la partie pérenne. Lyon est en effet une ville-site dont les fleuves, les collines, les grands axes, les lieux emblématiques tels que Fourvière ou la Cité internationale constituent l’armature. Leur illumination sera donc complétée avec une attention à la justesse de ce
qui sera conçu : la Saône et ses collines romantiques, le Rhône majestueux… la transformation partielle des berges des fleuves va permettre de concrétiser ces principes.

Les grandes lignes

Le nouveau plan lumière se veut pragmatique. Il propose des orientations, une philosophie, mais demeure cohérent avec le projet urbain ; il s’appuie sur les projets programmés dans les années à venir (le Confluent, le tram…). De nouvelles orientations se dessinent. Elles sont liées à la conviction que la cité n’est pas seulement faite de la singularité de sa géographie ou de son histoire. Ses activités, sa vivacité, les quartiers et la manière dont on y vit méritent autant que le patrimoine architectural d’être célébrés et racontés.

La lumière devra donc révéler des identités nocturnes ou en façonner d’autres en inventant des histoires parlant des lieux, des gens, du temps. Des premières préconisations sont envisagées par territoire pour assurer la correspondance en termes d’ambiance (calme, sereine ou au contraire dynamique, vive), de style (inventif et coloré ou classique), de lieux à illuminer ou de priorités, retenues pour des raisons urbaines (la Part-Dieu), stratégiques (le Confluent) ou sociales (la Duchère).

Loin de constituer un carcan, ces préconisations témoignent de la nécessaire attention aux sites (ce qu’ils sont et ce qu’ils portent d’énergies) pour construire du sens.

Les cœurs de quartier jouent un rôle essentiel dans la vie sociale. Ils seront parmi les lieux prioritaires à traiter. Il ne s’agit pas pour autant d’en fixer une image rigide car les quartiers ont une vie active et la réalité de la ville est mouvement : il s’y invente sans cesse des formes culturelles ou sociales nouvelles. Lyon souhaite y répondre le plus justement possible en favorisant des mises en lumière évolutives dans le temps et dans l’espace.

Une large concertation

Certains lieux de la vie commune seront illuminés quelques jours par semaine ou par mois. Ils pourront aussi l’être au rythme des fêtes. Leur mise en lumière elle-même sera évolutive grâce au potentiel de créativité qui existe dans ce domaine : lumières, images, mouvements,
couleurs, le spectacle de la nuit va s’ouvrir en grand pour une présence de la lumière qui reste en partie à ont des points de vue à exprimer, des innovations à apporter puissent le faire. Créateurs, techniciens, sociologues, urbanistes, écoles seront sollicités pour préparer l’avenir du lien établi entre la lumière et Lyon. Ce débat, piloté par Gilles Buna et organisé par un groupe de travail en appui des services de la Ville, va s’exercer à partir des premières orientations déjà définies.

Il devrait porter sur trois thèmes :

  • création, inventivité, vision de la ville,
  • évolution technique et écologie de la lumière,
  • mise en œuvre du plan lumière.

À l’issue de ces ateliers qui s’achèveront en juin 2004 par une conférence, la version définitive du nouveau plan lumière de Lyon sera élaborée et présentée en décembre 2004.

Jean-Pierre CHARBONNEAU
Urbaniste, consultant en politiques urbaines ou culturelles, conseiller de la Ville de Lyon

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