Gestion collective du patrimoine rural

La commune d’Amblie, située au nord de Caen, compte une population de trois cents habitants pour une superficie de cinq cent quatre-vingt-deux hectares.

Au milieu des paysages caractérisés par de vastes plateaux agricoles, le site communal se distingue par la confluence de deux rivières, le long desquelles ont été établis au fil du temps villages et hameaux. Mise à l’étude en 2004, la ZPPAUP d’Amblie sera applicable à la fin de l’année 2009.

Enjeux patrimoniaux du territoire

Au niveau du paysage, l’exploitation des terres à grande échelle et la recherche de la productivité ont conduit les exploitants à s’affranchir des obstacles préexistants, liés au relief et à la végétation.

D’autre part, les directives européennes incitent les agriculteurs à se délocaliser sur les hauteurs des plateaux dominants. À l’échelle de l’urbanisme, cette région s’est profondément transformée en généralisant les extensions de centres anciens sous forme de lotissements tentaculaires. Or, sur la commune, tout projet d’ensemble bâti en rupture se traduirait de fait par l’altération de la cohérence et de l’authenticité du site.

Sur la question de l’insertion architecturale en tissus anciens et de l’intervention sur l’architecture préexistante, les récentes créations ne proposent que des références approximatives avec le contexte ou l’ignorent.

Protection et gestion communale du patrimoine

Avant 1975, seuls deux périmètres de cinq cents mètres au titre des monuments historiques s’appliquaient, couvrant environ un cinquième du territoire. Conscient des particularités de son territoire et opposé à sa banalisation, depuis trente ans le conseil municipal à su pressentir les fragilités du patrimoine local en motivant la mise en place d’outils de protection : successivement un nouveau POS, deux ZNIEFF (Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique), un site inscrit sur 90 % du territoire et des espaces naturels protégés.

Néanmoins, les règlements respectifs, limités dans leur champ et périmètre, ne pouvaient qu’introduire des prescriptions trop partielles, sans vision d’ensemble cohérente.

La valeur réelle du petit patrimoine recouvre deux autres aspects essentiels :

  • les relations étroites entre les divers composants du territoire, où les notions d‘“ensemble” et d‘“environnement” prennent tout leur sens ;
  • l’état encore préservé, dans une région marquée par de fortes pressions immobilières.

L’analyse a confirmé la nécessité d’étendre le périmètre à la totalité du territoire communal, à travers des thématiques précises :

  • un ensemble cohérent composé de trois entités paysagères complémentaires, préservées ;
  • des tissus bâtis préservés et maintenus en fond de vallée ;
  • une étroite cohésion entre cours d’eau, constructions et pièces de nature ;
  • des espaces non bâtis qui participent de l’espace public et du paysage :
  • d’importants éléments de composition où de structure du paysage ;
  • un mode de construction traditionnel, récurrent et issu de savoir-faire sur un site de carrières de pierre ;
  • l’importance du petit patrimoine, symbole de la ruralité…

Apports et objectif de l’outil projeté

Le projet de ZPPAUP a essentiellement porté sur le paysage et la construction, à travers :

  • l’affirmation des grandes entités paysagères ;
  • la prise en compte de l’étendue du périmètre de protection intéressé, les qualités environnementales à préserver, l’équilibre des paysages et les co-visibilités, la sensibilisation aux questions de rôle, d’intérêt et de fonctionnement des structures préexistantes ;
  • l’évaluation hiérarchisée et la mise en avant d’arguments de protection du patrimoine bâti ;
  • la recherche des terrains potentiellement constructibles pour assurer un renouvellement urbain adapté et contrôlé.

La ZPPAUP offre un outil adapté pour traiter du petit patrimoine rural. Elle répond aux attentes et préoccupations actuelles en matière d’environnement et de cadre de vie. Elle s’affirme capable d’intégrer les problématiques actuelles et futures, à condition qu’elle soit motivée par des élus investis et attentifs aux attentes et aux problématiques de leur commune.

Sébastien Cord, architecte du patrimoine
et Marie Christine Heuzey, paysagiste

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