Des phares dans la nuit
Depuis un demi-siècle, sous l’impulsion d’André Malraux, puis de fortes personnalités, le domaine immatériel de la Culture s’est épanoui dans la réhabilitation des monuments, l’extension des musées, la création de centres culturels. La population s’est imprégnée avec enthousiasme de l’exception culturelle, fréquentant expositions et festivals. Les villes et communautés de communes ont œuvré pour retrouver la mémoire des lieux et la faire partager. Un esprit de fête a gagné le patrimoine, les patrimoines.
Dans le registre de l’architecture et de l’urbanisme, des concours ont été lancés pour répondre aux nouveaux besoins : médiathèques, aménagements de places, théâtres… En tant qu’ABF, nous avons participé activement aux programmes, accompagné la mutation des édifices, encadré le renouvellement des cités. Aujourd’hui, alors que nous intervenons pour trois ministères, c’est au sein de notre propre administration que la considération de nos missions vient à manquer.
Cependant, les temps d’agitation au cours desquels les principes fondamentaux de la gestion du patrimoine ont été fragilisés semblent révolus. L’association nationale des ABF, qui a développé une énergie considérable pour enrayer toute atteinte au cadre de vie et aux conditions d’une création architecturale de qualité, a trouvé un écho auprès du nouveau ministre de la Culture. L’engagement de Frédéric Mitterrand ouvre la perspective d’une politique culturelle si longtemps espérée.
Réconfortés par un budget qui reconnaît l’importance de l’entretien des monuments historiques et affirme une ambition pour l’architecture, les ABF demeurent conscients des améliorations à apporter aux dispositifs existants. Ils sont déterminés à favoriser l’action de l’État sur le terrain et à assurer le rayonnement de nos pratiques à l’étranger.
Les Phares, Spleen, Charles Baudelaire
C’est un cri répété par mille sentinelles,
Un ordre renvoyé par mille porte-voix;
C’est un phare aliumé sur mille citadelles
Frédéric Auclair
Président de l’ANABF