Nos églises, quel devenir ?

Le diocèse d’Arras compte plus de mille cent églises, d’époques et de styles différents, dont près de 30 % ont fait l’objet d’une restauration depuis dix ans. De l’église en pierre du Xe siècle à l’édifice en brique et béton armé des années 1930, autant de traditions et de savoir-faire.

Comment conserver ouvertes des églises de moins en moins utilisées ? Comment animer l’édifice dans ces conditions et avec quels moyens ? À ces interrogations légitimes, les diocèses cherchent à apporter des réponses. Le diocèse d’Arras, régulièrement associé à ceux de Lille et de Cambrai, mène différentes actions en faveur de ce patrimoine.

Ouvrir et animer les églises

Un colloque avait été organisé en octobre 2011 à Arras sur le thème « Nos églises, quel devenir ? », auquel étaient conviés Monsieur Jean-Paul Delevoye et Monseigneur Roland Minnerath. L’objectif était double : sensibiliser les communes à la qualité du patrimoine religieux du Pas-de-Calais, qui souffre d’un certain désintérêt, et apporter des réponses concrètes aux questions qui se posent ; vers qui se diriger pour une restauration et son financement ? Quelle législation encadre l’utilisation des églises ? Comment faire vivre une église ? Autant de sujets peu connus des acteurs de la vie de ces bâtiments. Par des formations à l’accueil dispensées depuis 2011 et intitulées « Faites parler les pierres », la Commission diocésaine d’art sacré d’Arras (CDAS) sensibilise les communautés chrétiennes et les municipalités au bénéfice d’une église ouverte et essaie de répondre aux attentes des professionnels du tourisme. En effet, un édifice fermé est fragilisé : risque de vols accru, entretien moindre, restaurations reportées. Il s’agit de rappeler qu’une église vivante, où le public est accueilli, où l’on incite le passant à entrer, est une église sauvée.

La Nuit des églises, initiative de la Conférence des évêques de France, qui se déroule chaque premier samedi de juillet, connaît un succès croissant. Le fait d’ouvrir l’église le temps d’une soirée, d’y accueillir visiteurs, croyants ou non, autour de conférences, de spectacles et de collations dynamise des communautés parfois frileuses. D’autres animations permettent de faire vivre l’édifice : circuits de découverte du patrimoine religieux, circuits des crèches pendant l’Avent, expositions estivales. La CDAS, en partenariat avec différentes associations (Joyel d’Arras, Églises ouvertes Nord de France), milite pour l’ouverture des églises, condition favorable à leur préservation. Elle facilite la mise en réseau des acteurs de la société civile et ceux du monde religieux qui ensemble participent à la mise en valeur de l’édifice.

Changer de regard

Les expériences menées avec succès incitent à considérer que la sensibilisation des personnes impliquées dans la vie des églises est une voie faite de promesses. La méconnaissance de la loi, le ressenti, pour les communautés rurales, d’un éloignement des institutions et les difficultés à animer les sites sont autant de dangers pour ces monuments. Il est essentiel pour maintenir ce patrimoine religieux de sensibiliser le regard de tous les acteurs qui l’entourent. Chacun devenant un levier dans la protection du patrimoine religieux français. Une église n’est pas seulement un musée d’œuvres d’art où un édifice d’intérêt patrimonial. Elle est d’abord le lieu de vie d’une communauté et en est le symbole, hier comme aujourd’hui. Ceci explique l’attachement des habitants à leur église.

Aude GOMBAUD
Membre de la Commision diocésaine d’art sacré d’Arras

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