Depuis la loi de décentralisation, les collectivités territoriales souhaitent intervenir sur le fonctionnement et l’image de la ville. Elles considèrent que son avenir demeure tributaire non seulement de son identité, mais de l’évolution de sa forme.
La ville aujourd’hui est à la fois la matière du politique et son moyen d’intervention. Cependant l’organisation de la ville est matérialisée par des territoires politiques différents, ce qui ne facilite pas sa gestion. Cette division politique mise à part, quel rêve moderne peut, de nos jours, vivifier les centres anciens, villes-musées à l’échelle trop souvent incompatible avec les besoins actuels, donner aux entrées de ville ignorées ou méprisées par les urbanistes une réalité territoriale ? Une ville est un ensemble
inachevé, ouvert sur sa propre transformation. Construite d’une infinité de strates historiques, tel un palimpseste, elle se réécrit sans cesse et change sa configuration.
À l’absence de composition des périphéries répond le désordre du centre des villes,
désordre qui ne se lit pas d’emblée comme celui qui s’exerce sur les marges de la ville
mais qui est la source de graves conséquences pour l’ensemble du territoire urbain.
Il faut entamer des morceaux de territoire ancien, détruire, réhabiliter et reconstruire pour intoduire une nouvelle mesure, structurer les périphéries, leur donner une échelle territoriale compatible avec la vie quotidienne et en faire un espace maîtrisable et habitable. Le véritable enjeu patrimonial consiste à garder trace de l’essentiel, hors tout esprit de pétrification ou de fétichisme.
Dans un souci d’approcher au plus près la réalité, on peut considérer que la ville se compose selon trois espaces : au centre la ville protégée -Avignon en est un exemple avec ses zones piétonnes et la sensation d’étouffement qui s’en dégage-, puis un espace qui joue comme entre-deux structurant ville ancienne et ancienne banlieue -l’ensemble de Bercy à Paris répond à ces critères. La politique suivie à Bercy est en effet exemplaire : un responsable de l’ensemble du projet en divise l’étendue en zones d’intervention où chaque architecte a la pleine responsabilité de son travail dans un espace suffisant. Enfin les sorties de ville, espace chaotique mais singulier et qui comme tous les chaos mériterait d’être étudié -le trajet Paris-Roissy est révélateur de ce type d’espace.
Toute échelle contrôlée, la banlieue et la ville devraient être appréhendées dans leur essence selon un statut de dissemblance. Cette approche permettrait d’échapper au ghetto idéologique ville-périphérie et d’accorder plus de liberté à la première et plus de structuration à la dernière. Loin de se momifier, la ville se reconstruit en permanence et ses marges deviennent automatiquement partie prenante du centre.
Françoise DIVORNE
UPA Paris-Versailles