Édito

Tsunami à New York… Image tirée du film catastrophe
Tsunami à New York… Image tirée du film catastrophe “The Day after tomorrow” réalisé par Roland Emmerich ( 2004) © 20th Century Fox

La responsabilité, maintenant admise, que nous avons sur l’évolution de notre environnement et la prise de conscience qui en découle nous ont lentement conduit à réfléchir sur notre modèle de développement et à le faire évoluer.

Si la question des économies d’énergie est centrale dans le débat international, que ce soit pour préserver les ressources ou diminuer les effets d’une consommation excessive, ses ramifications sont nombreuses. Il est maintenant acquis que nos manières d’habiter, de bâtir et d’aménager modernes, qui ont leurs fondements dans les modèles des révolutions industrielles du XIXe siècle, ont des effets importants sur les dérèglements que nous observons, Agir sur ces sujets aura des effets positifs contraires et ces changements de postures produisent déjà des effets sur l’architecture, la configuration des espaces et par voie de conséquences sur les paysages.

Le bâti existant est concerné à double titre par ce changement des mentalités et des méthodes. D’une part, ces évolutions poussent à conserver ce qui existe sur le simple constat que le bilan énergétique du recyclage est plus favorable que la démolition-reconstruction et, d’autre part, une bonne part de ce bâti existant possède des qualités importantes du point de vue climatique. Mais, ce qui existe doit tout de même être adapté. Ce nouvel ordre implique à son tour une évolution des doctrines relatives à la préservation du bâti ancien et des centres historiques, que ce soit du point de vue de l’architecture ou de celui de l’urbanisme.

Le problème de ce débat est qu’il oppose vertu contre vertu. La préservation du patrimoine et des ressources sont deux enjeux d’intérêt général. Il est cependant impératif que les enjeux énergétiques soient pris en compte. Au stade où nous en sommes, il est clair que le « patrimoine » ne gagnera pas la bataille et qu’il faut trouver les conditions d’un équilibre.

Par exemple, est-il raisonnable, dans un plan de sauvegarde et de mise en valeur, d’imposer dans tous les cas des menuiseries à petits bois structuraux interdisant la pose de doubles vitrages… ? Je n’en suis personnellement pas certain. À l’opposé de ces considérations, il est tout aussi absurde d’en arriver à une telle mise en exergue de l’isolation par l’extérieur, qui provoque à minima des désastres esthétiques et qui serait la panacée sauvant le monde… il est surtout urgent de réviser quelques positions fanatiques d’un côté et des appétits économiques de l’autre.

La construction neuve est un autre sujet, tout aussi passionnant, qui ouvre tous les champs des possibles : des recherches sur les matériaux à de nouvelles conceptions des espaces en passant par des modes constructifs innovants. Le permis de faire qui est apparu dans la loi LCAP de juillet dernier favorisera ces expérimentations qui sont difficiles dans les cadres réglementaires actuels.

Ce qui est paradoxal, c’est la manière dont ces contraintes énergétiques et climatiques, au lieu de freiner les ardeurs et de provoquer des postures de replis sont sources de projets et d’innovations, notamment dans les pays les plus défavorisés. Force est aussi de constater que ce foisonnement d’idées et d’expériences redonne une place importante au dialogue et que nombre d’entre elles comportent une composante participative qui peut même être parfois fondatrice des projets. Le Global Award for Sustainable Architecture, qui distingue chaque année cinq architectes, qui partagent les principes du développement durable ainsi qu’une approche participative de l’architecture regardant au plus près les besoins des sociétés, est un exemple encourageant de notre capacité de réaction et d’adaptation.

Il est toutefois intéressant d’observer la façon dont ces enjeux sont parfois emportés par des considérations économiques. Si le profit est un moteur efficace, il présente cependant le risque majeur d’enfermement dans les schémas les plus profitables, au détriment de solutions plus pertinentes mais moins bénéficiaires. Le marketing est très puissant de ce point de vue. La bataille autour de l’isolation thermique et la manière dont sont rédigés les textes réglementaires correspondants sont des indicateurs significatifs du poids économiques et politique qui pèse sur cette question.

L’essentiel est de changer… de façon raisonnable !

Légende photo couverture dossier “Le climat change… Et l’Homme ?” : Giustinian Lolin (2011). Série “Venezia - Las Horas Claras” © Dionisio Gonzalez. Le photographe espagnol s’est ici amusé à remettre in-situ tous les projets un jour imaginés pour Venise mais jamais réalisés… Une sorte d’ “archive d’une autre réalité possible”. Pour tout savoir du magnifique travail de Diosinio Gonzalez : www.dionisiogonzalez.es

Dans le même dossier