Du cayolar aux sites pastoraux

Le pastoralisme est ancré dans les Pyrénées depuis des temps immémoriaux. Certaines constructions préhistoriques en dalles de pierre, étudiées par l’archéologie en témoignent.

Chaque été les bergers, après la transhumance des troupeaux, regagnent les pâturages d’altitudes et retrouvent leur cayolar : espaces aménagées pour soigner et surveiller le troupeau, pour fabriquer et affiner le fromage d’estive, pour vivre et s’abriter la nuit et par mauvais temps. Outre la cabane du berger, le bâti pastoral peut comprendre également le saloir aux fromages, les enclos et couloir de traite. Cette architecture pastorale en symbiose avec son territoire d’altitude exprime au travers des savoir-faire qu’elle développe une véritable culture montagnarde. Les plus anciennes de ces cabanes pastorales remarquablement construites avec les matériaux du lieu, pierres sèches, dalles de schiste ou bardeaux de hêtre, sont quelquefois abandonnées ou transformées à outrance par des ajouts inadaptés. Si la plupart sont le plus souvent entretenues ou restaurées dans leurs dispositions d’origine, l’évolution des conditions de vie et de travail dans les estives ainsi que les nouvelles normes sanitaires exigées en matière de fabrication du fromage ont nécessité de repenser le modèle.

Le maintien d’une activité agricole et pastorale en montagne, outre les aspects économiques et sociaux, permet de conserver des paysages et milieux ouverts. Mais les questions d’adaptation architecturales, paysagères, techniques et sanitaires à la vie actuelle : accès, mises aux normes, électricité, vie de famille, adduction d’eau potable, traitement des eaux usées, doublées dans certains cas de problématiques risques (contexte d’aléas avalanches exceptionnelles en altitude) ont entièrement bouleversé les données programmatiques et les pratiques ancestrales, ayant pour conséquences la production de constructions en rupture totale de caractère avec la culture bâtie locale. Suite à certains refus de demandes en commission départementale de la nature, des paysages et des sites (CDNPS), et dans le cadre de l’instruction des dossiers au titre de la Loi Montagne, les services de l’État (DDTM, DREAL, STAP, PNP) ont constitué un groupe de travail avec les principaux acteurs concernés (collectivités, syndicats pastoraux, maîtres d’œuvre, bergers…) afin de définir les enjeux et d’aider à mettre au point les projets en amont des demandes. Ce groupe de travail est à l’initiative de la publication d’un guide sur la connaissance de l’art de bâtir les cayolars dans les Pyrénées comme aide pour concevoir les nouveaux aménagements pastoraux dans l’esprit des lieux. En 2010, il est complété d’une charte sur l’électrification des cabanes et la mise en œuvre des équipements photovoltaïques, assorti sur certains dossiers d’une assistance architecturale proposée par le CAUE. Cette gouvernance régulière des projets examine en concertation et globalement les demandes le plus en amont possible, s’assure d’intégrer toutes ses dimensions techniques et permet aux porteurs de projet de recueillir, souvent en une seule rencontre, toutes les réponses préalables de l’administration. Ainsi, un meilleur dialogue s’instaure entre tous les acteurs au bénéfice d’une amélioration qualitatives des projets, 100 % d’avis favorable en CDNPS pour les adhérents à la démarche et des délais d’instruction raccourcis.

Philippe GISCLARD
ABF chef du STAP des Pyrénées-Atlantiques

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