Depuis la rentrée 2005, le « cours de Chaillot » rejoint le système européen d’enseignement supérieur avec l’habilitation de son cursus en tant que diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA), mention « architecture et patrimoine ».
Ce diplôme, propre au ministère de la Culture, est reconnu à un niveau post-master par le ministère de l’enseignement supérieur et correspond à 120 ECTS (European Credits Transfer System) dans le cadre de l’harmonisation des formations supérieures européennes.
La formation maintient le rythme de deux jours tous les quinze jours pendant deux ans. Dans sa nouvelle version, le cursus est semestrialisé ; ses enseignements sont regroupés en unités d’enseignement réparties en trois champs disciplinaires : l’édifice, la ville, le paysage, intégrant l’histoire et la gestion. Le cursus est organisé en quinze unités d’enseignement dont trois unités d’enseignement dites « transversales » qui permettent l’interdisciplinarité et la confrontation des acquis théoriques à la réalité du terrain. Ce dispositif est complété par la prise en compte dans le cursus d’une expérience professionnelle validée par un rapport d’activités, au troisième semestre.
L’habilitation du diplôme
Le nouveau positionnement du diplôme et sa reconnaissance institutionnelle représentent un tournant important dans l’histoire de cette formation1 . Ils vont favoriser l’établissement de passerelles et de partenariats tant en France qu’à l’étranger avec des institutions similaires. Ce nouveau diplôme permettra également, à terme, pour les élèves qui le souhaitent, d’emprunter un parcours de recherche leur ouvrant la possibilité d’accéder à un doctorat.
Une pédagogie de terrain
Pour étayer les apports des cours magistraux, les élèves sont mis en situation sur le terrain dans le cadre d’enseignements pluridisciplinaires.
Le projet pédagogique prévoit un voyage de découverte en première année, correspondant à une unité d’enseignement transversale. C’est dans ce cadre que la promotion 2005-2007 s’est rendue à Châteaudun en septembre. Elle a vu l’exposition consacrée à l’architecte en chef des monuments historiques, Jean Trouvelot, qui a dirigé la restauration du château de 1939 à 1964. Cet « Hommage à Jean Trouvelot » a permis aux élèves de mesurer l’exigence et le souci du détail liés au travail de restauration. Deux journées de relevés et de croquis dans le château et la découverte de l’urbanisme du XVIIe de la ville ont constitué la matière du voyage.
Les unités d’enseignement transversales de seconde année se déroulent sur deux semestres dans le cadre d’ateliers de projet. Il s’agit d’un exercice collectif permettant à une dizaine d’élèves d’étudier en commun un édifice ou un ensemble architectural ancien et son contexte urbain. L’ensemble des étudiants d’une promotion est ainsi réparti entre plusieurs sites d’une ville française ou étrangère.
Ces ateliers sont un moment fort de la formation des futurs architectes du patrimoine. Ils leur permettent de mettre en pratique l’ensemble des savoirs, méthodes et techniques d’analyse et de projet acquis dans les différents champs disciplinaires. Les villes d’accueil bénéficient des retombées des ateliers qui apportent une somme de connaissances nouvelles. Il arrive que certaines propositions formulées par les élèves soient adoptées par les villes.
De nouvelles perspectives
Au palais de Chaillot, l’école disposera pour la première fois d’espaces et de conditions matérielles adaptées à ses ambitions : une grande salle de cours équipée de matériel audiovisuel, une bibliothèque proche, une salle des professeurs et un vaste atelier de travail doté de matériel informatique en réseau. L’école va enfin sortir de la pénurie d’espaces et de moyens qui étaient son lot depuis de nombreuses années.
L’intégration, dans la Cité de l’architecture et du patrimoine, permettra à nouveau de profiter de la proximité des collections du musée, riches en enseignements pour les élèves, et de bénéficier, grâce à l’IFA, d’une ouverture sur l’architecture contemporaine.
Le cycle de conférences thématiques ouvert au public et obligatoire dans la validation du cursus du DSA sera l’une des premières illustrations de cette coopération entre les départements de la Cité de l’architecture et du patrimoine, dès l’automne.
Claire WINDFOHR
Architecte, chargée de mission pour la coordination pédagogique du DSA
- Le suivi juridique en a été assuré pour l’École par Philippe Preschez, chef de l’IGAPA et enseignant à Chaillot depuis de nombreuses années. ↩