Les Ateliers du Tonnerrois

Paysage de vignes, de forêts et d’eau, le pays se situe sur de vastes plateaux calcaires aux confins de la Bourgogne et de la Champagne. La ville qui s’étage jusqu’à la vallée de l’Armançon, est célèbre pour sa fosse de Dionne, source d’une divinité celtique et son hôtel-dieu bâti par Marguerite de Bourgogne. Détruite par un incendie au XVe siècle, la ville de Tonnerre connut un renouveau urbain, civil et religieux sous l’impulsion de Charles-Henri de Clermont-Tonnerre, petit-fils de la duchesse d’Uzès. Aujourd’hui, la ville connaît de graves difficultés économiques peu propices à la restauration de son patrimoine.

Atelier Îlot Sainte-Catherine
Anne Boissay
Hélène Charron
Suzana Demetrescu-Guenego
Joachim Ganuchaud
Stéphane Garnero
Christophe Loustau
Martin Mogendorf
Laurent Pradoux
Cécile Remond
Florent Richard
Joseph Rohayem
Jennifer Roze

L’Îlot Sainte-Catherine

De la crypte au cellier

Au cœur de la cité, un petit îlot, fondé sur la « crypte Sainte-Catherine », menaçait ruine. Constitué d’immeubles anciens, l’îlot est étayé, puis démoli. En revanche, les caves, vestiges de la « crypte », sont protégées par un bardage qui accuse la forte déclivité de l’espace urbain triangulaire nouvellement dégagé.

Ancienne possession du chapitre de Saint-Pierre, classée dès 1862, la dite « crypte » s’avère être un cellier comparable à celui d’Auxerre. Aucune trace d’occupation religieuse n’a été relevée sur le site, ni dans les archives. Il semble avoir été construit en relation avec un rez-de-chaussée à vocation commerciale. L’usage de l’édifice en cellier et boucherie est attesté au moins du XVIe au XIXe siècle.

Le cellier

Construit vers 1225, il est composé de trois vaisseaux souterrains constitués de deux ou trois travées, sur plan carré. L’ensemble est voûté sur croisées d’ogives. Les colonnes et les culots sont de belle facture, presque identiques à ceux de l’ancienne hostellerie de l’abbaye de Quincy. Divisé, l’ensemble a été modifié de nombreuses fois, notamment pour ses accès. L’escalier principal, actuellement muré, s’ouvrait sous une grande arcade dans l’axe de la rue Saint-Pierre. Espace invisible et méconnu, la cave voûtée occupe un emplacement stratégique dans la ville ancienne, à équidistance des édifices majeurs, légèrement en retrait des flux de voitures.

Enjeux du projet

Trois objectifs doivent êtres poursuivis :

  • Restaurer et/ou restituer les éléments constitutifs du cellier pour recomposer le volume initial.
  • Le connecter avec un bâtiment créé au-dessus afin de rendre sa restauration pérenne et proposer une exploitation cohérente du site.
  • Redéfinir une nouvelle emprise adaptée à un programme de mise en valeur du site et ancrer de façon contemporaine l’intervention.

Atelier Cœurderoy
Fabienne Béchet
Richard Carta
Olivier Chanu
Guillaume Clément
Cyrille Dal-Col
Hervé Declomesnil
Monique Gomez
Lazar Jankov
Chak-Keong Lui
Vivek Pandhi
Pascal Parmantier
Martin Rosas
Christine Tranchant

Cœurderoy, un hôtel en déshérence

Construit sur une parcelle traversante en déclivité, l’hôtel Coeurderoy est composé de deux corps principaux de bâtiment qui s’ordonnent de part et d’autre d’une cour centrale. Fondé sur des caves voûtées d’ogives du XIIIe siècle, le logis principal est aligné sur une des voies majeures. En fond de cour, un bâtiment sur portique permet le service par une voie secondaire. Actuellement, l’ensemble ne bénéficie d’aucune protection.

De nombreuses transformations

Les bâtiments présentent de nombreux vestiges de différentes époques dont la lecture est difficile au premier abord. Inventoriés, associés à l’étude des plans anciens et interprétés par chronologie relative, ces indices ont permis d’établir une hypothèse d’évolution : après l’incendie de 1556, trois maisons médiévales ont été réunies en un hôtel particulier. En 1774, il est partagé en appartements. Donnés en partie à la Ville, les bâtiments accueillent depuis 1890 la bibliothèque municipale et un musée.

Une situation critique

Délabrés et en partie vacants, les bâtiments sont mal entretenus. La bibliothèque ne répond plus aux besoins actuels en terme d’accueil, de confort et de sécurité du public. L’intérêt de l’hôtel a été reconnu récemment, grâce à la découverte de plafonds peints de belle qualité. Sa revalorisation est souhaitable.

Restauration et aménagement

Le projet consistait à mettre en valeur les caractéristiques fondamentales de l’hôtel particulier, tel qu’on en trouve encore les traces ailleurs dans la cité (logis de prestige, passage cocher, cour centrale cantonnée de quatre tourelles, portique ouvert).

L’affectation principale en bibliothèque municipale a été maintenue. Le projet a été déterminé selon quatre critères :

  • Un programme valorisant et compatible avec le caractère patrimonial des bâtiments.
  • Des espaces intérieurs optimisés et des fonctions redéfinies selon les nécessités et les usages actuels.
  • Une adaptation permanente aux volumes disponibles et aux vestiges historiques mis en évidence.
  • Des abords améliorés pour une meilleure accessibilité.

Atelier de l’abbaye de Quincy
Sylvain Brioude
Stéphane Choisie
Mirabelle Croizier-Minaire
Xavier Lagneau
Perrine Leclerc
Guillaume Moine
Antoine Oziol
Stéphanie Passebois
Romain Louis Pérouse Montclos
Maximilien Philomen

L’abbaye de Quincy, paysage cistercien

Un paysage de référence

La valeur patrimoniale la plus précieuse de l’ancienne abbaye de Quincy est certainement le paysage cistercien qu’elle a conservé dans son ensemble. Dans le vallon, la clairière est toujours exploitée. Quant au système hydraulique, ses vestiges sont encore perceptibles : chaussée de l’étang, moulins, viviers, canaux, fontaines… Protéger et mettre en valeur ce paysage, rendre lisible l’action de la communauté monastique sur le site, sont les enjeux du projet.

Le plan cistercien

Issu du plan de Saint-Gall, le plan cistercien est célèbre pour sa régularité et sa grande sobriété. Celui de Quincy présente la particularité de bras de transept en hémicycles. Les relevés in situ et les descriptions du XVIIIe siècle permettent une hypothèse de restitution du plan de l’abbaye.

L’ancienne hôtellerie

Des bâtiments monastiques, il ne reste que celui des moines et l’ancienne hôtellerie. Cette dernière est constituée d’un vaste espace sur deux niveaux dont un rez-de-chaussée voûté de la fin XIIe siècle. Au sud, sont accolées deux ailes voûtées et à l’est, une tourelle d’escalier Renaissance. Sur les façades, les différentes strates historiques restent visibles.

Les projets

À l’échelle du « paysage cistercien » sont prévus :

  • Purge des éléments perturbants tels que les pépinières et conifères
  • Restitution des dispositifs essentiels tels que lisières de la forêt, cheminements, restauration du système hydraulique, remise en eau de l’étang.
  • Création d’un pavillon d’entrée à l’emplacement de l’ancienne porterie comportant une brève présentation didactique. Le pavillon offre au visiteur une double vision en amont vers l’étang et en aval sur l’abbaye.

À l’échelle de l’enclos monastique, le projet de l’ancien logis s’oriente selon trois axes :

  • Restituer ou suggérer des dispositions spatiales intérieures disparues,
  • Donner une cohérence aux façades hétéroclites en mettant en évidence les indices historiques,
  • Proposer une utilisation contemporaine du bâtiment.
    La toiture de l’ensemble du logis principal est ainsi rétablie dans une même continuité évoquant le volume originel.

Véronique VILLANEAU-ÉCALLE
Architecte du patrimoine, enseignante à l’École de Chaillot

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