Un hôpital moderne au cœur du “village” de Saint-Cloud

Maîtrise d’ouvrage : Centre hospitalier des Quatre-Villes, hôpital de Saint-Cloud, 92
Maîtrise d’œuvre, extension de l’hôpital : Atelier d’architecture Michel Remon architecte mandataire
Chef de projet : Olivier Jaubert
BET et économiste : SNC Lavalin
Maîtrise d’œuvre, ravalement de la chapelle : Charlotte Hubert /h20 architectes
Entreprise générale : SPIE-Batignolles
Programme extension-réhabilitation de l’hôpital : 19 800 m2 dont 4 750 m2 réhabilité et 7 820 m2 neuf
Montant de travaux : 36 millions d’euros TTC (valeur 2013)
Réalisation : 2008-2015

Un hôpital aujourd’hui, c’est d’abord un ensemble fonctionnel extrêmement compact, au service du personnel et du malade. Un hôpital aujourd’hui, c’est un “monobloc” unitaire, très loin de l’image pavillonnaire des hôpitaux du début du XXe siècle.

Cette exigence entre donc directement en contradiction avec la recherche de l’intégration urbaine d’un tel équipement dans un tissu urbain délicat. Notre projet architectural propose de résoudre cette contradiction sans compromis, sans que le souci d’intégration urbaine d’une part et l’exigence de fonctionnalité d’autre part ne se nuisent l’un à l’autre. Notre travail a cherché à dépasser ce conflit fondateur de complicité entre l’architecture et l’urbain. Nous avons travaillé simultanément la mise en place du programme depuis le centre du site vers sa périphérie (les limites du terrain) et la composition de la forme architecturale du projet depuis les limites du site vers le centre de l’îlot, en hiérarchisant les échelles perçues depuis l’espace public des différentes composantes architectoniques de cet édifice.

Composition fonctionnelle

L’hôpital de Saint-Cloud présente aujourd’hui une composition en plan finie, organisée autour de ses accès et de ses circulations verticales. La partie réservée à l’extension est excentrée, satellisée par rapport à cet ensemble. Notre première action a donc été de déplacer le nouveau centre de gravité de l’édifice en lui créant un nouveau cœur, un nouveau centre : l’axe des circulations verticales est désormais situé au milieu du site, à la jonction entre l’hôpital existant et son extension. Chaque niveau du nouvel édifice ainsi reconfiguré est dorénavant constitué d’une aile nord (l’existant) et d’une aile sud (l’extension) desservie de manière équivalente par le nouveau noyau central. Le travail de la coupe a permis : de répartir les différents niveaux autour de ce nouvel axe vertical, en hiérarchisant les trois rez-de-chaussée.

Composition urbaine

La composition architectonique et urbaine a été travaillée contextuellement, façade par façade, en répondant successivement à chaque situation urbaine à laquelle l’hôpital fait
face. Depuis l’espace public, l’architecture de l’hôpital se déroule en profondeur pour respecter l’échelle urbaine du “village” de Saint-Cloud : la disposition successive de pavillons à l’alignement laisse entrevoir en second plan, en cœur d’îlot l’échelle unitaire de l’hôpital.

AU sud et à l’ouest (rue Dailly), des pavillons monolithes, habillés de pierre, assurent les articulations entre l’hôpital et son espace public. Ils encadrent les façades habitées, en retrait de l’alignement, pour leur garantir plus de confort. Place Silly, à l’est, la façade du début du XIXe siècle, démolie et reconstruite entre dans la même logique d’assemblage et d’articulation de l’architecture de l’hôpital avec le “village” de Saint-Cloud. La question du pastiche ne se posait pas. La demande de l’architecte des bâtiments de France était clairement énoncée dès le concours ; nous avons fait un relevé précis de toute la modénature. L’entreprise SCGPM a exécuté cette demande en deux temps :

  • réalisation des plans de façade en béton isolant “thermédia”, en respectant scrupuleusement toutes les modénatures, en creux par des négatifs dans les banches ;
  • réalisation des modénatures en relief (corniches, moulures, etc…) en béton classique en utilisant les armatures laissées en attente ;
  • finition par une peinture minérale.

Michel REMON
Architecte


Le point de vue de l’ABF

Cette opération d’extension du centre hospitalier des Quatre-Villes dans les Hauts-de-Seine est une opération compliquée pour laquelle l’ABF a été fortement sollicité.

Premier aspect, le terrain est grevé de servitudes d’abords Monuments historiques très exigeantes. On y compte pas moins de trois monuments historiques en covisibilité : l’église du Centre, édifice néogothique du XIXe siècle ; un jardin dessiné par Jean-Claude Nicolas Forestier dans les années 1930 (tous deux ISMH) et une chapelle construite par l’architecte Richard Mique pour la reine Marie-Antoinette à la fin du XVIIe siècle, sur laquelle vient s’adosser la nouvelle construction, ce qui engendre une grande difficulté d’intégration architecturale.

Le parti retenu fut celui de garder ou reconstituer la facade existante d’une architecture début XIXe qui permettait de plus de conserver à la place Silly, place emblématique du centre-ville, son ambiance et son échelle actuelle. Pour y contribuer, toute solution de parkings enterrés a été écartée, évitant un nouvel ouvrage perturbateur. Finalement, la solution retenue fut la démolition de la façade et toiture XIXe puis reconstitution
en béton, facilitant le fonctionnement intérieur et réglant notamment le problème de la continuité des hauteurs sous plancher entre l’existant et le projet. L’ABF imposa à cette occasion le démontage de la lucarne-horloge en pierre et le remontage sur la nouvelle façade, qui reprend également la modénature quasiment à l’identique. Une telle réalisation a nécessité quelques concessions compréhensibles de l’ABF : certaines simplifications à la marge de la modénature, léger élargissement du porche pour l’accès-pompier, pente légèrement plus forte pour le brisis du comble et adaptation de ce dernier pour une transition côté rue de l’Arcade.

Cette opération est saluée comme une réussite par la maîtrise d’ouvrage, les élus et les riverains. Il s’agit d’une vraie prouesse de l’architecte, nous offrant une œuvre architecturale assurant les transitions entre les styles, mariant habilement les éléments de patrimoine authentiques ou pastiches et la création contemporaine.

Christian BÉNILAN
ABF, chef du STAP des Hauts-de-Seine