Historique du projet architectural et urbanistique
Été 2010 : lancement du concours pour le concept urbain, vingt-sept projets reçus.
Automne 2010 : première séance du Conseil urbain, dix projets choisis puis finalistes retenus.
Hiver 2010 : les six candidats (OMA, Arep, Arup, Jurong, Sweco, Royal Haskoning) sont auditionnés. Le Conseil urbain désigne deux projets finalistes : les projets Arep et OMA.
Financement : investissement État
Cent vingt trois milliards de roubles et cent trente-deux milliards promis d’ici à 2020 gérés par la fondation Skolkovo présidée par Viktor Vekselberg.
Surface : deux millions de mètres carrés de bâti pour une population de trente mille personnes, dont la majorité de résidents.
À vingt kilomètres au sud de la capitale se construit le Grand Moscou, qui va faire éclater la concentration actuelle dans un territoire en taches de léopard. L’importante réserve foncière, qui compte cinq cent hectares et se répartit en zone de datchas, de forêt et de grands ensembles de logements, accueillera le Saclay russe. Le projet rassemble recherche fondamentale, entreprises majors et start-up dans le but d’amplifier le processus économique. À l’initiative du président Medvedev, les premières installations concernaient les domaines de l’énergie, des biotechnologies et du nucléaire.
Le technopark
Conçu au niveau international, selon une instance collégiale qui regroupe entreprises russes, architectes européens et critiques d’architecture, il oppose à la cité moderne hérissée de tours l’image d’une ville écologique imbriquée dans le paysage. La lecture de la topographie a induit la réflexion du groupe Arep, coordinateur : au-dessus de la rivière Setoun, le plateau suit une ligne de crête, véritable épine dorsale du projet urbain. Les ruisseaux qui courent le long des coteaux orientés vers le sud et l’est articulent le dessin d’ensemble qui, telles nos anciennes cités minières, poursuit un dispositif rationnel. En haut, dominent les laboratoires et les équipements, sur les versants les logements et en contrebas les loisirs, dont un golf déjà opérationnel. La circulation s’établit en périphérie de chaque entité d’une profondeur d’environ cinq cents, où sont privilégiés la mobilité douce, le traitement immédiat des déchets, l’économie de l’énergie. L’accès au site se situe au nord par le biais d’une passerelle de deux cents mètres reliée au circuit ferroviaire et routier. Ce pont, sorte d’échangeur géant, est traité comme une structure de rassemblement et d’échange. Il symbolise le croisement des cultures et des disciplines qui fonde l’organisation urbaine. Il répond aux galeries prévues dans le centre, qui articulent le cœur de la distribution.
À partir de ce plan général, des quartiers ont été attribués à différents cabinets d’architecture, avec pour chacun une thématique dominante. Dès à présent, Jean Pistre ou Boeri ont été retenus pour un secteur “entreprises”, de Meuron pour l’université, Choban et David Chipperfield pour les activités de production, OMA pour l’hôtel de ville. Chacun produit des esquisses qui viennent appuyer la philosophie de la ville nouvelle et répondre aux conditions climatiques rigoureuses.
La ville, divisée en quartiers urbains denses, préserve les attraits du rapport direct avec la nature. De par sa conception et son organisation, Skolkovo a vocation à devenir pour la Russie le modèle des nouvelles cités à dimension humaine et à vocation écologique.
Vera PROSZYNSKA
Journaliste