Né il y a dix ans de la fusion de deux unités de recherche, le CRHAM et l’UMR22, le Centre André-Chastel est aujourd’hui le plus grand laboratoire de recherche en histoire de l’art de France. Couvrant une période chronologique longue, du Moyen-Âge à nos jours, fort de près de cinquante membres (chercheurs, enseignants et personnels administratifs), il est placé sous la triple tutelle de l’université de Paris IV-Sorbonne, du CNRS et du ministère de la Culture (direction générale des patrimoines).
Dans la lignée de son père fondateur, André Chastel, de Bruno Foucart et de son premier directeur, Dany Sandron, le Centre a toujours accordé une place majeure à l’histoire de l’architecture et du patrimoine. Celle-ci trouve ses racines dans l’affaire des Halles de Paris et l’étude pionnière publiée en 1977 par Chastel et son équipe, dont Françoise Boudon et Françoise Hamon. Après l’analyse des morphologies urbaines, un autre champ de recherche a été ouvert autour du château à l’époque moderne, principalement en Île-de-France, marqué par une approche archéologique, topographique et typologique également renouvelée. Proches de l’esprit de l’inventaire général, avec lequel les chercheurs du Centre entretiennent des liens scientifiques et souvent amicaux, ces programmes se sont poursuivis plus près de nous avec celui sur la villégiature, sous la direction de Bernard Toulier. Colloques internationaux, journées d’étude, publications, travaux universitaires… ont accompagné ces recherches et ont pu ainsi irriguer au-delà des cercles de spécialistes. Grâce à une politique volontariste, une partie des archives de ces programmes de recherche est aujourd’hui conservée dans les locaux du Centre.
Artisan d’une histoire de l’architecture complète, s’attachant aussi bien à l’art des formes qu’à l’étude de facteurs socio-économiques, voire identitaires, le Centre Chastel a également été pionnier dans le domaine du dessin de restitution et d’analyse architecturale, longtemps incarné par Jean Blécon. À l’heure des nouvelles technologies, cette approche se transforme de manière radicale et ses chercheurs travaillent désormais avec l’outil informatique et en partenariat, par exemple avec Dassault Système. Parallèlement à l’histoire de l’architecture et du patrimoine, le Centre a toujours été le lieu de l’histoire du vitrail français, en tant que membre du Corpus Vitrearum, dont l’équipe est aujourd’hui placée sous la responsabilité scientifique de Michel Hérold. La poursuite de ses inventaires en régions et de ses publications demeure une priorité pour la direction du Centre, en liaison avec le ministère de la Culture. Il s’agit, là encore, d’une recherche qui croise plusieurs sources et débouche
naturellement sur une dimension opérationnelle, notamment dans l’accompagnement des restaurations (par exemple en ce moment à la Sainte-Chapelle). Le Centre André-Chastel est enfin un des lieux importants de l’histoire de Paris, une dimension présente dès ses origines là encore avec le cas du quartier des Halles, les travaux de Claude Mignot sur le Paris du XVIIe siècle ou de Bruno Foucart sur le XIXe et l’éclectisme. En témoignent actuellement le programme sur les caves de Paris (Dany Sandron), vaste recension et analyse historique, archéologique et typologique des sous-sols de la capitale, ou les études sur l’hôtel particulier parisien du XIVe au XXe siècle que nous avons lancées
depuis deux ans.
De nombreuses conventions avec des institutions culturelles (le Louvre, le Centre des monuments nationaux, etc.), mais encore la participation de ses membres à de nombreuses commissions et comités d’experts, achèvent enfin de faire du Centre André Chastel un acteur majeur et ouvert du patrimoine français.
Alexandre GADY
Professeur d’histoire de l’art moderne à la Sorbonne, directeur du Centre Chastel Patrimoine et recherche