Le métier d’architecture

Face aux interrogations posées dans
l’enquête menée par Monsieur le
Ministre de l’Equipement mais éga-
lement aux problèmes soulevés par
l’aménagement du territoire, reflet de
l’éclatement de la vie sociale et de la dure-
té de la vie économique, nous souhaitons
exprimer l’ambition dans le cadre du débat
“ensemble traçons notre avenir” de créer
les conditions d’une réflexion sur la civillsa-
tion urbaine et la permanence du monde
rural. À cette démarche devrait s’ajouter en
filigrane une réconciliation de la culture et
du développement.

À ces objectifs concourent trois ordres
d’actions parfois ressentis comme antino-
miques, la politique de décentralisation, la
responsabilisation des agents de l’Etat et
les programmes de grandes.réalisations.

Les Architectes des Bâtiments de France
au sein des Services Départementaux de
l’Architecture doivent être porteurs de
qualité pour rendre aux collectivités locales
la responsabilité de leur aménagement
dans un souci de valorisation et de revivifi-
cation de leur patrimoine. “Il y a des Pays
sans histoire. La France n’est pas de ceux-
là” (Pierre Miquel—Histoire de France).

Les Architectes des Bâtiments de France
sont présents sur l’ensemble du territoire,
au sein des collectivités, dans les villes,
dans les bourgs. Ils travaillent sur ce qui est
le plus cher au coeur de tous : le coeur,
l’identité, le patrimoine. Les Architectes
des Bâtiments de France transmettent la
mémoire pour assurer le renouveau per-
manent de la création architecturale en
France.

Un arbre sans ses racines meurt, un projet
d’avenir n’existe que par ses références.
Aussi, la création, le développement ne
sont pas en lutte avec le passé mais en

perpétuel dialogue. Les Services Départe-
mentaux de l’Architecture doivent être le
trait d’union de ces deux cardinaux.

L’Architecte des Bâtiments de France a un métier

Dans chaque département, en contact avec
“a réalité quotidienne”, c’est un homme de
terrain sachant reconnaître et faire renaître
toutes les signatures du temps. Sa compé-
tence doit s’étendre du maniement des
mortiers de chaux à la composition des
grands projets urbains assurant une per-
manence formelle dans la continuité archi-
tecturale des espaces publics.

Sa vocation de maître d’oeuvre lui donne
l’autorité, l’expérience et la crédibilité
nécessaire face à tous ses interlocuteurs
notamment professionnels. La passion qui
anime ses gestes ne peut être comprise que
s’il exerce son métier. Cela lui permet
d’avoir une meilleure compréhension des
difficultés rencontrées lors de l’élaboration
des projets de ses confrères libéraux. Sa
formation, ses qualités humaines, sa
conviction de force de persuasion, sont uti-
lement complétés par l’exemple qu’il peut
donner dans ses actions de maître

d’oeuvre. Le public est souvent inquiet face
aux interventions d’un fonctionnaire ; il
nous appartient d’engager le dialogue en
expliquant. Son travail doit s’équilibrer
entre le contrôle et la proposition et il
s’enrichit des allers et retours. Il peut ainsi
développer en fonction des circonstances
et du patrimoine des actions de promotion
et de formation du personnel des entre-
prises et de toutes personnes intéressées.

La compétence d’homme de synthèse
capable de raisonner globalement en
termes de projet lui est donnée par son
savoir-faire dans l’exercice de son métier.

Le besoin d’architecture commence à être
moins considéré comme la plus-value
esthétique que l’on rapporte, tel un
maquillage, pour améliorer l’apparence,
mais comme une démarche intégrant des
solutions logiques, cohérentes et référen-
cées.

L’expérience prouve que des résultats posi-
tifs peuvent être obtenus par le “partena-
riat” entre les services chez des hommes
aux formations si différentes.

Les Chefs de Services Départementaux de
l’Architecture se sont trouvés déconcertés
par l’orientation première donnée au débat
“Traçons notre avenir”. Le développement
et l’équipement de notre pays, nous en
sommes persuadés, passent par une
approche globale et par la recherche
constante de la qualité.

L’intégration de nos valeurs patrimoniales
tant bâties que naturelles est fortement
demandée par le public comme peuvent le
montrer les innombrables interventions au
cours d’enquêtes ou le développement
d’associations pour la prise en compte de
l’environnement. Cette quête souvent
désordonnée de la part de la population ou
de ses représentants a besoin d’une répon-
se pour amener un débat riche et construc-
tif. Les oppositions très souvent systéma-
tiques s’appuient sur des réflexes
nostalgiques ou de défense faute de pou-
voir s’exprimer dans un débat proposant
des enrichissements qualitatifs.

L’ambition des Architectes des Bâtiments
de France -au sein des Services Départe-
mentaux de l’Architecture est de répondre
au nom de l’intérêt public à cette demande
de qualité.

Jacques BOISSIERE et Alain MARINOS
Architectes et urbanistes de l’État, architectes des bâtiments de France

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