Langres

Le site de la citadelle de Langres constitue un ensemble de cinquante-cinq hectares situés de part et d’autre de la N74, à proximité immédiate du centre ville. La restitution par l’armée de la caserne Turenne (le site est maintenu en activité) représente donc une modification extrêmement importante pour la ville, en ouvrant à l’usage civil un terrain jusque là inaccessible de treize hectares.

Cependant, il ne s’agit pas d’un ensemble foncier vide et “inerte” mais d’un lien façonné par l’histoire, “habité” pendant plusieurs siècles et, de ce fait, qualifié.

À l’opposé de la tabula rasea, le projet développé ici propose de reconnaître ces qualités pour les mettre en valeur dans ce qui devient un nouveau quartier de la ville.

Trois ensembles méritent d’être considérés : le site des fortifications de Vauban qui présente les mouvements de terrains habituels, le bâti des casernes anciennes qui, dégagé des appentis et dépôts plus récents, offre pour l’essentiel un ensemble de bonne facture. Enfin, le système des plantations qui accompagnent allées, cours et place d’armes vient redoubler l’ordonnance des bâtiments pour constituer une hiérarchie claire des espaces libres.

Le projet propose de conserver l’essentiel des allées pour former les espaces publics en nouveau quartier. Les plantations existantes jouent comme une sorte de “pré-verdissement” qui donne déjà un caractère établi aux voies. Sur cette structure, les meilleurs bâtiments conservés offrent sur la route nationale et sur les grandes voies des façades ordonnancées de maçonnerie ancienne. Les cours plantées deviennent les cours des équipements publics (école forestière).

Cette première reconnaissance distingue juridiquement les espaces publics rétrocédés à la ville et les domaines privés ouverts à des usages divers.

À partir de cette distinction, peut s’engager le fractionnement du domaine privé et son partage entre différents propriétaires institutions publiques, équipements municipaux et investisseurs privés.

Le jeu de cette transformation qui procède par fractionnement du foncier, en conservant une partie du bâti, s’inscrit dans une tradition ancienne de production des villes, depuis le palais de Dioclétien à Spalato dont les cours, les galeries et les salles sont devenues les rues et les places de la ville de Split, jusqu’à la place Fürstenberg à Paris, nichée dans l’ancienne cour des écuries du palais abbatial de Saint-Germain-des-Prés.

Plus près de nous et de notre sujet, les casernes de Burloup à Rodez, acquises par la ville dans les années 80, sont devenues, transformées, les façades de la nouvelle avenue d’accès au centre ville.

Organisation des espaces publics, fractionnement et diversification de la propriété foncière, changement d’affectation des lieux constituent la première étape de l’intégration des anciennes casernes dans la ville, le premier état d’un tissu appelé à se développer et à se complexifier.

Autour, le site des fortifications devient un vaste parc public qui conserve pour la ville la mémoire des lieux.

Philippe PANERAI
Architecte

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