Saint-Avold, du quartier militaire au quartier de ville

Située à l’entrée de Saint-Avold, ville de vingt mille habitants au bord du bassin minier, entre Metz et la frontière allemande, la caserne Ardant-du-Picq se trouvait au milieu des champs lorsque Îles Allemands l’ont construite, il y a un siècle.

Ses dix hectares ont été remarquablement bien aménagés, en terrasses successives, dégageant des vues intéressantes depuis le quartier sur la caserne, et depuis celle-ci vers l’environnement très planté d’une ville historique emboîtée dans la forêt.

La programmation

La qualité de ce patrimoine mérite que l’on retienne l’hypothèse de sa réhabilitation, du moins pour tous les corps de bâtiments entourant la place d’Armes, ainsi que le mess des officiers.

La matrice de ce terrain militaire est, en soi, un élément structurant très fort pour un quartier assez hétéroclite, où se sont juxtaposés, depuis les années soixante, lotissements, groupes scolaires et ensemble de logements sociaux en collectifs, œuvre des Houillères. La dominante résidentielle de cet environnement, autant que la relative difficulté d’accès directs et de repérage visuel aisé de ce site militaire, excluent toute mono-fonctionnalité de type zone commerciale ou d’activités industrielles, au profit d’une juste articulation de programmes complémentaires, comme le logement (privé et public), du tertiaire, peut-être un petit pôle de commerces de proximité en attendant de trouver une “locomotive” qui donne à ce nouveau quartier une image aisément identifiable. Pôle de services ? Pôle d’enseignement ?

La programmation à l’étude, pour la réutilisation des dix huit mille m2 hors-œuvre de planchers à sauvegarder, autant que pour l’urbanisation raisonnable (COS de 0,3 à 0,5) d’environ quatre hectares de terrains nus, formant liaison entre place d’Armes et quartiers existants alentour, devra proposer le meilleur équilibre entre investissements publics et privés.

La négociation des terrains se fera avec la municipalité, acquéreur relais, qui ne s’engagera qu’avec l’assurance d’une base d’investisseurs solide pour une bonne partie du projet.

Le projet

Le projet s’attache à revitaliser le quartier, conserver les bâtiments anciens et renforcer les liens avec la ville. Le diagnostic de l’existant (bâtiments et réseaux), mené par le bureau d’étude R2A ITECO), de Metz, associé à Pierre Colboc, ayant confirmé la réutilisation pour un coût raisonnable, conduit à des scénarios pour le réaménagement des dix hectares, dont les grandes lignes sont les suivantes :

  • restauration de neuf bâtiments d’origine, à destination de logements et locaux tertiaires,
  • maintien de l’essentiel de la place d’Armes, bordée sur trois côtés d’un mail planté pour le stationnement, dévolue aux sports et à la promenade, comme le serait l’espace vert au cœur d’un campus universitaire,
  • quatre projets neufs en périphérie, rattachés au quartier, trois d’entre eux étant porteurs d’accès au périmètre, dévolus principalement au logement individuel, et pour certains aux locaux d’activités liés à l’idée d’un centre de ressources pour les nouvelles technologies.

L’avenir

Création d’un mini-pôle de quartier tourné vers des équipements scolaires et associatifs, avec quelques commerces de proximité en pied de petits collectifs.

Enfin, et surtout, recherche d’une épine dorsale pour l’ensemble du projet, contenant d’un éventuel centre de ressources, qui pourrait être : une rue majeure traversant le site ; un ensemble multifonctionnel, très contemporain, en fond de scène pour la place d’Armes ; l’encadrement global de la place d’Armes elle-même.

Pierre COLBOC
architecte

Dans le même dossier