Les mémoires des AUE 1/2

À l’issue de leur formation, les élèves architectes et urbanistes de l’État rédigent un mémoire. Ce projet de fin d’étude (PFE), constitue un travail de synthèse entre l’expérience acquise sur le terrain à l’occasion du stage effectué en début de scolarité et l’ensemble des enseignements dispensés durant l’année. Ce travail, soutenu devant un jury, est l’un des éléments d’appréciation de l’aptitude de l’élève à exercer des responsabilités au sein d’un service de l’État. Les quatre projets présentés sont extraits des travaux des deux dernières promotions.

La Défense, patrimoine immatériel

Lors de mon stage dans les Hauts-de-Seine, Christian Bénilan, chef du SDAP, m’a proposé de travailler sur la problématique de protection patrimoniale de La Défense. En effet, l’État doit préparer et garantir l’avenir du quartier lorsque l’Établissement public d’aménagement de La Défense (EPAD) aura achevé sa mission, fin 2007. La première partie de mon PFE a consisté à définir l’identité du quartier de La Défense et à préciser dans quelle mesure il pouvait être considéré comme un patrimoine immatériel.

Le site de La Défense, né officiellement en 1958 dans le prolongement de l’axe historique du Louvre, revêt la forme d’une poire, circonscrite par le boulevard circulaire qui l’entoure.

C’est un des rares exemples de la mise en application intégrale de la Charte d’Athènes développé par Le Corbusier en 1933 qui préconisait la généralisation des immeubles de
grande hauteur, la suppression des rues traditionnelles, la séparation des piétons et des automobiles. C’est aujourd’hui le pôle tertiaire le plus puissant d’Europe.

Géographiquement, La Défense n’existe pas en tant que commune. Le quartier est inscrit dans les villes de Courbevoie, Puteaux et Nanterre, sans qu’il existe de structure d’intercommunalité entre ces trois communes. Le caractère exemplaire du site actuel et de sa forme urbaine reflète la volonté de fabriquer un quartier à part qui n’aurait pu être obtenu sans l’application de règles d’urbanisme exceptionnelles liées à l’intervention de l’État.

Le caractère immatériel dépend de la conscience que l’on en a. À La Défense, c’est l’esprit du lieu qui est essentiel : le génie du lieu, « genius loci » des Latins. La notion de patrimoine immatériel au niveau de l’image est très forte car elle concerne l’image commerciale et symbolique du travail.

Deux échelles de perception

La prise en compte du paysage urbain s’opère au niveau du territoire suivant deux échelles de perception: celle du piéton et celle de l’automobiliste. La Défense est aussi le paysage lointain de ce bouquet de tours contenu dans l’anneau. Au-delà de la réalisation d’un nouveau modèle de ville, La Défense est le témoin de l’architecture contemporaine sur près d’un demi-siècle. La protection du site doit permettre de conserver cette image prestigieuse du quartier tout en intégrant le principe de renouvellement. Dans la deuxiéme partie de mon travail, je me suis positionnée en tant qu’architecte urbaniste de l’État, dans un service déconcentré. J’ai développé des propositions permettant d’intervenir pour protéger et gérer le patrimoine architectural et urbain du quartier de La Défense.

Entre le juridique et la communication

L’importance du projet partagé entre l’Etat et les communes a orienté mon choix vers une proposition qui associe le juridique et la communication. Dans le cadre du patrimoine immatériel du site, la procédure la plus adaptée pour la protection est apparue, la ZPPAUP intercommunale, outil unique de gestion et d’entretien. Son élaboration devra étre menée parallélement au transfert aux communes suite a la disparition de l’EPAD.

Au préalable et conjointement, j’ai envisagé la protection des édifices remarquables ou de la totalité du site par le « label patrimoine du XXe » associé a une politique de communication sur la valeur patrimoniale de cet ensemble.

Bien que le label ne soit pas un outil juridique, il apporte un statut particulier aux batiments par le travail de valorisation. Pour compléter ce dispositif, une directive de protection et de mise en valeur des paysages pourrait étre mise en place pour la préserver la silhouette de La Défense dans le paysage lointain.

Sibylle SAMOYAULT
AUE, SDAP Alpes-Maritimes
PFE soutenu en mars 2004 (directeur d’études Béatrice Bellynck)


Toulouse, les franges de l’agglomération

L’aire urbaine de Toulouse connaît depuis une vingtaine d’années une croissance démographique, économique et urbaine parmi les plus importantes des métropoles francaises. Les conséquences en termes de consommation des espaces naturels, de déplacements et de mutation des territoires sont considérables. Mon projet de fin d’études part de l’hypothése de la consolidation de l’agriculture comme outil possible d’une organisation de l’expansion urbaine.

L’économie toulousaine est actuellement trés créatrice d’emplois, majoritairement dans l’industrie à haute valeur ajoutée et les services. Méme si elle est en cours de diversification, l’activité industrielle, est trés fortement spécialisée sur les secteurs de l’aéronautique et de l’espace, facteur important du rayonnement et de l’attractivité de Toulouse.

Cette attractivité se traduit par une forte croissance démographique, en accélération, avec une surreprésentation des classes moyennes supérieures (14 000 habitants par an sur l’aire urbaine entre 1990 et 1999).

Un développement en tache d’huile

Face à ces dynamiques, le développement urbain prend la forme d’une expansion trés diluée, plus subie que programmée: actuellement, 70 % des logements de l’aire urbaine sont des maisons individuelles et la surface moyenne des parcelles est d’environ 2 000 m2. Ce mode de développement urbain, déja ancien, s’accélére encore en raison d’une géographie favorable, d’un réseau viaire trés fin, qui permet une diffusion importante ; des documents d’urbanisme (SDAU) expansionnistes et enfin une intercommunalité fragmentée, ont longtemps rendu impossible l’émergence d’un réel projet de développement à l’échelle de l’aire urbaine.

L’étalement urbain généré par ce modéle de développement peut conduire à une impasse : spécialisation sociale des territoires, inégalités entre populations, augmentation exponentielle des déplacements, non compensée par des efforts récents de développement des transports en commun.

Le rôle possible de l’agriculture

Face à ce constat, la pérennisation des exploitations agricoles périurbaines, si elle est partie intégrante d’un projet politique de développement global, peut constituer un outil de lutte contre l’étalement urbain.

Après une analyse des forces et des faiblesses de l’agriculture périurbaine toulousaine ainsi que du jeu des différents acteurs impliqués, différents niveaux d’actions sont possibles, impliquant les services déconcentrés de l’État.

Quelques exemples parmi les leviers d’action :

  • les outils opérationnels : aides au maintien des exploitations, à la diversification, à la labellisation
  • les politiques foncières : le travail des sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) et des établissements publics fonciers (EPF).
  • les documents de planification : les schémas de cohérence territoriale (SCoT) et leur articulation avec les plans locaux d’urbanisme (PLU)
    Ces différents outils nécessitent une mise en cohérence, qui peut être assumée par les services de l’État. Un préalable est pourtant indispensable : la clarification du rôle et du discours de chacun des acteurs : agriculteurs, élus, services de l’État.

Enfin, le rapport conclut sur l’absolue nécessité d’une action à une échelle large, incluant l’aire urbaine et ses franges.

Virginie CELLIER
AUE, DRE Midi-Pyrénées
PFE soutenu en mars 2004 (directeur d’études Claude Spohr)

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