La dune du Pilat, monument naturel

La dune la plus haute d’Europe: Pilat ou Pyla ?

Le site actuel, dénommé « les Sabloneys » jusqu’au début du XIX^e siècle, tire son nom du gascon piihar, qui signifie tas ou petit monticule. Le terme « Pilat », déjà présent sur les cartes de Masse (1708) et de Cassini (1786), correspondait à un lieu situé plus au sud, au large de la côte. En 1930, à l’aube du développement touristique, le promoteur Daniel Meller en modernise le nom et crée la station au « Pyla-sur-mer ».

De dimensions exceptionnelles, la dune du Pilat, la plus haute d’Europe, culmine à plus de cent mètres. Elle s’étend du nord au sud le long du littoral, sur un linéaire de plus de deux kilomètres sept, ce qui représente un volume de l’ordre de soixante millions de mètres cubes. Cet ouvrage de la nature n’a cessé de fasciner les touristes venus de l’Europe entière, attirés par le bassin d’Arcachon et la côte Atlantique. Du fait de l’érosion marine, la côte du Pilat a reculé de plus de cinq cent mètres entre 1862 et 1922. La coupe stratigraphique du versant ouest de la dune, constituée de séquences dunaires séparées par des phases de fixation, permet d’identifier quatre périodes distinctes, marquées par des paléosols¹ . Dénuée de toute végétation, cette “dune blanche” progresse inexorablement de quatre à cinq mètres par an, côté terre. Elle ensevelit la forêt, et met en péril les équipements touristiques.

Label et classification du site

En 1978, les caractéristiques exceptionnelles et la beauté des paysages situés entre le bassin d’Arcachon et la forêt des Landes ont valu à la dune l’attribution du label « Grand Site national »² . À cette occasion, un ensemble d’aménagements pour accueillir le public a été réalisé par la collectivité locale, avec l’aide de l’État³ . L’aire d’accueil du public, dont on estime la fréquentation à un million et demi de visiteurs par an, est localisée en forêt, au nord-est de la dune. Ces installations à dominante commerciale, réalisées sur des terrains privés concédés, doivent faire l’objet d’une restructuration. Dans ce cadre, la programmation d’une « Maison de la dune » devrait permettre de mieux informer le public de l’histoire, ainsi que des caractéristiques de ces espaces naturels fragiles et de leurs écosystèmes (dune du Pilat, forêt usagère, bassin d’Arcachon).

Par arrêté ministériel du 28 juin 1994, c’est l’ensemble du site de la dune du Pilat et de la forêt usagère de La Teste-de-Buch, entre le bassin d’Arcachon et le lac de Cazaux, qui a été classé. D’une superficie de six mille hectares, il englobe non seulement la dune du Pilat, mais aussi le massif forestier dit « la montagne », d’une superficie de trois mille six cent cinquante hectares comprenant des parcelles privées.

Hôtellerie de plein air

Cinq campings caravanings⁴ ont été aménagés progressivement en forêts privées sur le revers est de la dune, avant le classement du site. Ils couvrent une superficie de quarante-huit hectares et offrent une capacité de mille neuf cent quinze emplacements, ce qui correspond à une densité de quarante emplacements à l’hectare et à unefré-quentation potentielle de six mille à sept mille personnes. Ces établissements, dont les emplacements étaient occupés durant la saison touristique par des tentes ou des caravanes, sont devenus de véritables “parcs résidentiels de loisirs”, du fait de l’implantation à demeure de mobil-homes, assimilés à des “résidences mobiles de loisirs”. La multiplication de ces hébergements standard, qui représentent 25 à 35 % du nombre d’emplacements et les aménagements annexes ont profondément modifié le paysage forestier dans lequel ils sont implantés. Menacées de disparition du fait de l’avancée de la dune, ces installations nécessitent une réorganisation et une meilleure prise en compte de leur environnement : des dunes boisées de pins. Des permis d’aménager seront élaborés par les gestionnaires en concertation avec les services publics et la collectivité locale.

Enjeux et perspectives

Le site classé de la dune du Pilat et de la forêt usagère de La Teste-de-Buch, milieux naturels fragiles et en perpétuelle évolution, est confronté à l’agression des éléments naturels (érosion marine et éolienne, mortalité des pins etc.), mais également à la fréquentation touristique ; la dune reçoit un million et demi de visiteurs par an ; les hébergements de plein air accueillent plusieurs milliers de vacanciers. S’y ajoute la pression urbanistique : densification et sédentarisation des hébergements de plein air, projets de cantonnement de la forêt usagère, projet de « fenêtre océane » inscrit au Schéma de Mise en Valeur de la Mer du Bassin d’Arcachon, etc.

Malgré les nombreuses mesures de protection adoptées⁵ , la gestion de ces espaces nécessite une concertation permanente entre les différents acteurs⁶ afin d’assurer leur pérennité. Ainsi, à l’initiative de la sous-préfecture d’Arcachon, ont été constitués le groupe de travail « Campings », en charge de l’élaboration d’un guide de gestion, sorte de charte entre l’administration et les professionnels du tourisme, et le groupe de travail « Forêts », relatif aux modalités de gestion des forêts.

Par ailleurs, le syndicat mixte récemment créé, regroupant Commune, Département et Région, devrait permettre d’assurer une mise en valeur de l’aire d’accueil de la dune et des espaces forestiers par leur maîtrise foncière avec l’aide du Département⁷ et du Conservatoire du littoral et des rivages lacustres. Seul l’avenir dira si les mesures engagées par la puissance publique en liaison avec ses partenaires privés et associatifs permettront de concilier sur ce site majeur protection de l’environnement et économie du tourisme.

Michel Marty
Architecte