Éditorial

Architectes du passé,
architectes d’avenir

La révolution de 1789 a engendré de multiples périls pour les monuments historiques, que ce soit par esprit de vengeance envers l’Ancien Régime ou à la suite de la perte d’usage des édifices. Il en est résulté une prise de conscience d’esprits avisés tel que l’abbé Grégoire fustigeant le vandalisme ou des actions de sauvetage telles que la création par Alexandre Lenoir du musée des Augustins, ancêtre du musée des monuments francais. Ces interventions ont été suivies par le pouvoir politique. Une ligne budgétaire est prévue et les premiers inspecteurs des monuments historiques nommés en 1830. La commission supérieure des monuments historiques est créée en 1837. Une première liste de 1 034 monuments protégés est promulguée ; le premier texte de protection date de 1887. Ces initiatives ont amorcé un mouvement qui n’a eu de cesse de se développer depuis plus de cent ans.

Mais la règle n’est rien sans les acteurs pour la faire vivre surtout dans un domaine ou erreur ou la qualité se pérennisent dans l’espace. Plusieurs corps de fonctionnaires ont été créés pour intervenir dans ce sens : les architectes des monuments historiques en 1907, les architectes de bâtiments de France en 1946. Les architectes libéraux issus de cette école dite de Chaillot se sont constitués en association en 1976. II est cependant essentiel que le patrimoine ne reste pas l’apanage d’un cercle limité ; il est également important que son évolution soit suivie par des responsables de collectivités, spécialistes garants du maintien de ses qualités; il est indispensable que tous les acteurs de l’aménagement soient sensibilisés à ces questions et que des formations soient proposées à de nouveaux publics.

Aujourd’hui, l’intérét de notre société s’est affirmé pour le patrimoine sous toutes ses formes. Le monument ne peut étre considéré comme un objet isolé. L’insertion de l’achitecture dans son environnement est nécessaire au maintien de la qualité des lieux. La préservation de notre patrimoine nécessite qu’il soit inséré dans l’urbanisme. Les qualités de l’architecture, de la ville et du paysage sont des valeurs qui doivent étre partagées. Ainsi, le patrimoine pourra évoluer et s’adapter sans ignorer son histoire.

L’ampleur prise par l’École de Chaillot est une chance pour le patrimoine car il permet de former des professionnels agissant pour le patrimoine sous toutes ses formes.

Olivier Godet
Rédacteur en Chef

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