Préface

Parmi les charges du bon gouvernement, la défense du territoire vient en premier ; elle est, aussi, à l’origine de l’affirmation progressive de l’État en France. En retour, et pour s’acquitter de cette charge, l’État a pris le relais des pouvoirs locaux de l’époque médiévale et recouvert à son tour le territoire national d’un vaste manteau d’ouvrages militaires.

Progressivement, ces forts à nos frontières, ces fortifications et ouvrages défensifs à nos lignes de repli, ces casernes pour loger les régiments, ces hôpitaux dans la France profonde ou encore ces bases aériennes et navales aux emplacements stratégiques, se sont intégrés au paysage de nos régions.

Avec plus de cinq cent cinquante mille hectares, le ministère de la Défense est aujourd’hui le plus grand propriétaire foncier de France, mais il est aussi l’héritier d’édifices originaux et de bâtiments uniques, qui sont des témoins privilégiés de leur époque. Les ingénieurs et architectes, qui ont conçu et réalisé ces ouvrages, ont souvent su marier avec bonheur la fonction militaire de leur projet -défense d’un lieu, résistance à un envahisseur, confort des occupants- avec le site qui lui servait de cadre, les formes coutumières et le matériau propre de leur région.

En un mot, les ouvrages militaires figurent en bonne place dans le patrimoine national.

La construction de l’Europe, la fin de la guerre froide et l’évolution des conflits dans le monde ont amené des évolutions profondes dans notre système de défense. Fondé, à présent, sur la professionnalisation des armées et la constitution de forces rapidement projetables à l’extérieur de nos frontières, ce nouveau système s’éloigne de ses racines territoriales, et se retire de certaines de ses implantations les plus anciennes.

Ce reflux ne signifie pas l’abandon. Il convient de préserver les joyaux de notre patrimoine des atteintes du temps et d’en transférer la propriété à ceux qui sont les mieux placés pour lui trouver de nouveaux usages et, ainsi, continuer à faire vivre ces lieux chargés d’histoire.

Je suis heureux que « La Pierre d’Angle » consacre ce numéro à la reconversion du patrimoine militaire à laquelle j’attache du prix, et je suis sûr de pouvoir compter sur les architectes des bâtiments de France pour aider le ministère de la Défense et les collectivités locales à mener à bien cette tâche utile.

Alain RICHARD
Ministre de la Défense

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