Un nouveau jardin à Orléans : le Jardin Hélène Cadou une ouverture sur la Loire

Vue du jardin d’en haut. © Mairie d’Orléans.
Vue du jardin d’en haut. © Mairie d’Orléans.

Le nouveau jardin Héléne Cadou, d’une superficie de 6000 m² se situe à Orléans, à l’Est du centre ville, face à la Loire. Il s’agissait d’une part de créer un nouveau jardin tout en reliant deux quartiers proches, mais sans liaison attractive, un quartier haut à proximité de la rue de Bourgogne et le quartier bas donnant sur la Loire, quai du Fort Alleaume, face au port d’Orléans.

Pour cet article ont été interviewés :
Aude de Quatrebarbes, adjointe au maire, déléguée à la coordination de la politique de proximité et à la gestion du domaine public
et
Denis Bigot, responsable du Service Ingénierie de l’espace public, direction de l’espace public et qualité de la Ville.

Les acteurs du projet

  • Ville d’Orléans (Direction de l’évènementiel, de la vie des quartiers et de l’Espace public)
  • MOE (Service IEP pour le jardin et Devannoise-architecte pour l’escalier et les transformateurs
  • Entreprises (Richard, Groupe Villemain, Eiffage métallerie, Eiffage TP)
  • ERDF (transformateurs

La partie haute du jardin Hélène Cadou1 était composée d’un ancien parc en friche autour du château de la Motte Sanguin (seconde partie du XVIIIe siècle), comportant un jardin en terrasse surplombant la Loire.
Il était situé à proximité d’une manufacture de coton, créé à la fin du XVIIIe siècle, un grand bâtiment industriel de six étages, aujourd’hui disparu. Sur la partie proche de la Loire, s’étendait un espace peu qualifié qui recevait trois transformateurs, assurant l’éclairage public de cette partie d’Orléans. Les deux espaces étaient séparés par un mur terrasse datant du XVIIIe siècle, proche du bâtiment de l’Artillerie édifié en 1880.
Dans un premier temps, les deux édifices ont été restaurés. Le château de la Motte Sanguin, propriété de la mairie, accueille désormais des chercheurs internationaux. Le bâtiment de l’Artillerie rassemble diverses structures dont l’Etablissement public Loire. La rue Solférino, qui longe le jardin, comporte sur son flan ouest des habitations privées anciennes. Un programme de logements neufs et qualitatifs ont pris place de part et d’autre du jardin.

Pourquoi cette création de jardin ?

« L’enjeu était de déplacer les transformateurs nécessaires à l’alimentation en électricité, en les intégrant à un espace paysager, et surtout de créer un jardin traversant en réalisant un escalier monumental s’accordant avec l’architecture du lieu et s’appuyant sur l’histoire du site. C’était une promesse de la mandature » explique Aude de Quatrebarbes.
D’une façon générale, la conception des jardins repose sur l’état fin XVIIIe dont le projet n’a jamais été réalisé.
Pour la création d’un jardin contemporain, on est donc parti de l’histoire.
« L’attrait principal du site réside en son histoire et ses vestiges archéologiques. Les traits principaux de conception ont naturellement été pensées pour leur valorisation. La Motte Sanguin est occupée depuis l’époque gallo-romaine du fait de sa situation en front de Loire. Bon nombre de vestiges sont encore présents dans le sous-sol. Pour cela, des fouilles archéologiques ont été réalisées de 2005 à 2016. La Tour de l’Étoile, dans la partie haute du jardin et la Tour de la Brebis, dans la partie basse, étaient deux tours circulaires de défense construites au XVe siècle qui servaient à surveiller le passage des bateaux » précise Denis Bigot.
Les vestiges ont été matérialisés, les tours par des pavés et les remparts par des tables d’ifs.

Le jardin d’en haut, son aire de jeu et son chemin pavé. © Mairie d’Orléans.

Le jardin du haut (5000 m²) propose plusieurs ambiances. On y accède par le Boulevard de la motte Sanguin à l’Est et la rue de Solférino, à l’Ouest. Le jardin exotique, planté d’une collection d’hortensias et de viburnums, met en valeur des arbres anciens et parfois exotiques déjà en place. Une aire de jeux pour les enfants propose de beaux jeux colorés, homologués sur un sol stabilisé. Le long cheminement est une réussite : sa structure est précise grâce aux pavés, mais l’agencement est sinueux ce qui concourt à un bel équilibre.

Le jardin d’en haut et ses buis taillés. © Mairie d’Orléans.

Le jardin de buis est classique par l’utilisation du buis et contemporain par sa composition : 400 buis, taillés en cubes, cônes et boules de trois tailles, le tout procurant une joyeuse impression de moutonnement.
Pourquoi un jardin de buis au début du XXIe siècle ?
« Le buis ont été choisis avec soin dans une pépinière spécialisée en Bretagne. Ils ont été traités au bacille de Thuringe. Des conditions favorables aux mésanges, prédatrices des pyrales, devraient être aménagés (boules de graisse l’hiver, etc) » précise Denis Bigot.
Le morceau de bravoure du parc, c’est la réalisation d’un escalier monumental longeant le mur d’enceinte. Son dessin propose un jeu de formes et de matériaux très réussi, un agencement subtil de pierres calcaires et de briques orangées.
Arrivé sur la terrasse, on peut contempler le jardin du bas et plus loin, la Loire.
« La terrasse du jardin s’inscrit désormais comme un belvédère sur la Loire. » se réjouissent mes interlocuteurs.

Les pergolas ligériennes » à la forme sinueuse évoquant le cours de la Loire. © Mairie d’Orléans.

Le jardin du bas (1000 m2) est surmonté de huit « pergolas ligériennes » à la forme sinueuse évoquant le cours de la Loire. Elles sont recouvertes de plantes grimpantes, passiflores, jasmins et des rosiers choisis chez des pépiniéristes du Loiret (A Eve, F Thauvin), indique Aude de Quatrebarbes. Des rosiers blancs et plantes vivaces diverses composent les plates bandes.On peut sortir du jardin par un portillon donnant sur les quais de la Loire. Les quais de la Loire constituent « un axe continu qui relie l’est et l’ouest et assure les fonctions de communication et de promenade. »

© Mairie d’Orléans.

Le mobilier de jardin, à l’instar de l’ensemble des jardins de la ville d’Orléans, est choisi avec soin.

La grille d’entrée. © Dominique Masson.

Un panneau en acier avec des lettres découpées indique le nom du jardin. Des panneaux discrets racontent l’histoire du lieu. Le jardin se veut accueillant, de nombreux bancs ponctuent le parcours. On remarque quelques tables avec leurs chaises. Une table de jeux de dames attend les joueurs
Le coût du jardin est d’un 1 million d’euros auxquels s’ajoutent le déplacement des transformateurs et la création de l’escalier monumental. Il faut saluer la création d’un nouveau jardin à Orléans, classique et contemporain, chargé d’histoire et reflétant la nouvelle appropriation de la Loire par les habitants, avec des usages multiples selon les exigences actuelles.
Ce jardin est situé dans le Site patrimonial remarquable d’Orléans. Les travaux ont été menés en constante et bonne association avec l’Architecte des bâtiments de France du Loiret. La Loire à Orléans fait partie du périmètre du Val de Loire, inscrit au patrimoine de l’humanité, ce qui n’exclut pas la création. Nul doute que ce jardin, inauguré au printemps 2018, contribuera à la valeur universelle exceptionnelle du val de Loire, patrimoine mondial !

  1. Ce jardin porte le nom de Jardin Hélène Cadou. Hélène Cadou (1922-2014) poète et femmes de lettres, a créé à Orléans l’essentiel de son œuvre. C’est une grande voix de la poésie contemporaine qui reçut le prix Verlaine en 1990.
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